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Tordu

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11 novembre 2008

Appel à textes ! - Créateurs, Inventions et Savants fous

Pour celles et ceux qui noieraient leur chagrin baudelairien dans un peu d'encre, ou bien qui dégaineraient la plume plus rapidement que l'interface les Deckers de shadowrun, voici un AT ès 'F' proposé par les éditions HYDROMEL.

Soyez courageux, patients, créatifs, conquérants, nobles, affables, ignobles, ... et rendez-vous sur le site des éditions Hydromel.

Thème: Créateurs, inventions et savants fous
Deadline: 15 juin 2009
Taille: entre 10.000 et 40.000 signes, espaces comprises
Support: anthologie papier
Mail: anthologies@editions-hydromel.com


Pour en savoir plus: http://www.editions-hydromel.com/

ps: schtroumpf coquet s'abstenir.

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11 novembre 2008

Ils proposent la double nationalité au Mexique ?

Comment faire de la tequila avec des diamants ? Difficile ! Le contraire par contre ne semble pas impossible ... dans quel monde vit-on ??? Et une tequilla diamant, une !
10 novembre 2008

Anecdote anglaise

L'ouverture anglaise 1.c4 e5 2.Cc3 Cc6 sera mentionnée plus tard. Pour l'heure, une petite anecdote: Au club d'échecs de Brighton - Angleterre - une certaine Mrs Sydney fut autorisée dans les années 30 à se présenter avec son chien, à l'unique condition que celui-ci en devienne membre à part entière. Par la suite, ce chien qui porta le saugrenyme de Mr Mick, fut par erreur intégré en seconde équipe ... le score fut sans appel, 1-0 pour son opposant, raison invoquée: perte au temps ! Moralité paradoxale: Je dirais donc que l'ouverture dite 'anglaise' fait preuve de moins d'ouverture que ce qui en fut ici permis !
10 novembre 2008

la Chine veut prendre position sur la Lune

A l'horizon 2020, les chinois veulent mettre le pied sur la lune. 51 ans après le petit pas pour l'homme, d'autres petits pieds veulent enfin fouler ce sol lunaire dont la poussière serait une source de déboires pour les combinaisons des astronomes. En effet, il faut imaginer que le sable lunaire contrairement à celui de nos déserts n'est charrié par aucun vent et a donc gardé depuis les millénaires une structure à même de déchirer les combinaisons les plus résistantes. Cependant, les chinois seraient peut être les premiers hommes à poser le pied sur la lune ... la théorie de la fasification ne fait pas trop de bruit, elle existe pourtant bel et bien.
8 novembre 2008

Tombstone Blues

La musique est de Bob Dylan, mais dans le film I'm not there, la bande son est interprétée par Marcus Carl Franklin et Richie Havens. The sweet pretty things are in bed now of course The city fathers they're trying to endorse The reincarnation of Paul Revere's horse But the town has no need to be nervous The ghost of Belle Starr she hands down her wits To Jezebel the nun she violently knits A bald wig for Jack the Ripper who sits At the head of the chamber of commerce Mama's in the fact'ry She ain't got no shoes Daddy's in the alley He's lookin' for the fuse I'm in the kitchen With the tombstone blues The hysterical bride in the penny arcade Screaming she moans, "I've just been made" Then sends out for the doctor who pulls down the shade Says, "My advice is to not let the boys in" Now the medicine man comes and he shuffles inside He walks with a swagger and he says to the bride "Stop all this weeping, swallow your pride You will not die, it's not poison" Mama's in the fact'ry She ain't got no shoes Daddy's in the alley He's lookin' for the fuse I'm in the kitchen With the tombstone blues Well, John the Baptist after torturing a thief Looks up at his hero the Commander-in-Chief Saying, "Tell me great hero, but please make it brief Is there a hole for me to get sick in?" The Commander-in-Chief answers him while chasing a fly Saying, "Death to all those who would whimper and cry" And dropping a bar bell he points to the sky Saving, "The sun's not yellow it's chicken" Mama's in the fact'ry She ain't got no shoes Daddy's in the alley He's lookin' for the fuse I'm in the kitchen With the tombstone blues The king of the Philistines his soldiers to save Puts jawbones on their tombstones and flatters their graves Puts the pied pipers in prison and fattens the slaves Then sends them out to the jungle Gypsy Davey with a blowtorch he burns out their camps With his faithful slave Pedro behind him he tramps With a fantastic collection of stamps To win friends and influence his uncle Mama's in the fact'ry She ain't got no shoes Daddy's in the alley He's lookin' for the fuse I'm in the kitchen With the tombstone blues The geometry of innocent flesh on the bone Causes Galileo's math book to get thrown At Delilah who sits worthlessly alone But the tears on her cheeks are from laughter Now I wish I could give Brother Bill his great thrill I would set him in chains at the top of the hill Then send out for some pillars and Cecil B. DeMille He could die happily ever after Mama's in the fact'ry She ain't got no shoes Daddy's in the alley He's lookin' for the fuse I'm in the kitchen With the tombstone blues Where Ma Raney and Beethoven once unwrapped their bed roll Tuba players now rehearse around the flagpole And the National Bank at a profit sells road maps for the soul To the old folks home and the college Now I wish I could write you a melody so plain That could hold you dear lady from going insane That could ease you and cool you and cease the pain Of your useless and pointless knowledge Mama's in the fact'ry She ain't got no shoes Daddy's in the alley He's lookin' for the fuse I'm in the kitchen With the tombstone blues
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7 novembre 2008

Michael Crichton est mort ...

Les afficionados de la SF déplorent depuis 2 jours la disparition de Michael Crichton. Cet auteur devenu incontournable depuis Jurassic Parc ou encore Timeline (Prisonnier du temps) s'est éteint à 66 ans des suites d'un cancer. michael_crichton
7 novembre 2008

I'm not there

Une mise en scène qui rappelle parfois les films de Jarmush, plusieurs vies entremêlées pour plusieurs périodes d'une vie musicale bien remplie. Même s'il m'a été donné de le visionner en américain sous-titré en chinois, les éléments du 7èm art m'ont convaincu que la forme déjà valait le coup. La BO est tout simplement fantastique et ... faire jouer une femme dans le rôle d'un homme c'est fort ! Libre interprétation ... I_m_20not_20there_blog
6 novembre 2008

L'instrument le plus petit du monde ?

Des chercheurs de Pékin on découvert une propriété étonnante des feuilles de nanotubes de carbone parcourues par un courant électrique: elles émettent des vibrations ... autrement dit des sons: L'article futura-sciences
5 novembre 2008

Le Successeur - part 2

... Au moment où j’introduisis ma tête, plus aucun son ne me parvint et mes yeux retrouvèrent le noir le plus complet de la montagne. Avais-je seulement rêvé ? Le trou était bien là. Qu’est-ce qui pouvait se terrer dans ces profondeurs ? Mon estomac se noua. Je devais contempler, de fait sans les voir, les volumes du bastion dont les grilles interdisaient plus haut l’entrée. Voilà qui fit bondir mon cœur. Mais c'est alors que deux gros yeux lumineux apparurent, dans un cri effroyable, à quelques centimètres de mon visage. Je crois n’avoir jamais ressenti frousse aussi démente de toute mon existence. Comme saisit par la peau du dos je me projetai en arrière, assez loin pour sombrer la tête la première dans le vide et y dévaler de tout mon long. Je vis ma fin. Mais mon pied se coinça dans une racine. Ma tête hocha au rythme effréné de mes tempes en ébullition et je restai un bref instant pétrifié de terreur sans rien pouvoir faire d’autre que de me remémorer cent fois en une boucle infernale ce que je venais de voir et d’entendre. J’étais tellement stupéfait que l’idée de sombrer réellement traversa mon esprit, idée à laquelle je répondis sans y prendre garde « pourquoi pas ? » comme d’un achèvement. Au moment de relever la tête, une voix fit dans mon dos « en voilà des manières de s’introduire chez les gens ». C’est là que je me rendis compte qu’un tronc rémanent de lueurs s'extirpait du roc et qu’en fait de racines seule une main griffue retenait ma chute. Qu’une grenouille m’adressât la parole, passe encore. Mais un fantôme ?! Encore faut il y croire et mon esprit qui n’en possédait que de vagues contes, où ces derniers se traînaient tout de blanc vêtu affublés d’un rutilant boulet enchaîné au pied, fut à cet instant totalement dépassé, et je m’évanouis. Lorsque je repris conscience, j’entendis tout d’abord une voix puis des pas qui martelaient incessants le sol de jurons métalliques. Tout autour de moi, un halo embrassait une série de tombes et le tintamarre sautait de l’une à l’autre. Le fantôme m'aurait traîné jusque dans son repère. Ma tête me faisait un mal de chien. Sans doute est-ce à ce moment que j’aurais dû prendre mes jambes à mon cou, mais à moitié étourdi dans une obscurité aussi sauvage où donc se réfugier ? Et puis que représentait un mur pour un fantôme ? Il apparut à nouveau d’une tombe, s’élança devant moi, lisant tantôt un manuscrit de fumée ou buvant allègrement au goulot d’une bouteille couleur argile. Son comportement était pour le moins étrange. Il dansa, fit quelques pas boiteux autour d’une autre pierre tombale, et puis il s’extasia de rire avant de marmonner toutes sortes de formules en ancien Germanique. Enfin, il redevint hargneux ; il se pencha sur une tombe et y empoigna un mort qu’il releva de ses membres déchirés d’une pâleur laiteuse. « Je vois que tu me vois mais tu ne l’avoues pas, allons donc, du courage ! » s’écria-t-il. Le mort ne disait rien, mais on voyait bien qu’il était mal à l’aise. « On ne pend pas Juste de Barandoue ! » fit-il tonitruant. On croit ce que l’on veut, dans ce genre de situation, il nous est parfois permis de réagir au delà de l’entendement. Juste de Barandoue ? Ce nom m’était bien trop familier pour me laisser interdit « le ménestrel ? » réussissais-je à bredouiller au milieu de la cacophonie. Le fantôme parut surpris, se tut, prit sa tête entre ses mains, s’assit en face de moi et m’interrogea. Parfaitement, Juste de Barandoue. Connaissez-vous mon nom ? Les confessions d’une dernière bataille … commençais-je d’un ton interrogateur. Vous les avez lues ? Mais alors le vieil homme disait vrai. Ce qui passera le clair de lune se changera en onces d’éternité m’avait-il assuré. Mon récit aura traversé tous ces siècles ? Et c’est ainsi que nous nous entretînmes. Ce que j’avais lu semblait bien fade tout à coup. Il se levait et parcourait ardemment le bastion, s’encombrant de grands gestes, mimant chaque détail, riant, grinçant des dents, reproduisant en lumière la vie des hommes et des femmes de son temps. Sa manière de conter m’était plus exquise qu’un vin liquoreux bien fait. Le temps à vrai dire dut passer sans qu’il me souvienne l’avoir une seule fois compté. Ses emportements de maître conteur captivèrent mon esprit au point que j’en oubliai ce qu’était la faim, la soif, le sommeil, l’humain. Et plus je l’écoutais, plus j’appris de vérités sur ce temps dont nous étions issus, nous les Hommes de l’époque moderne. Je devinais dans son propos les réelles fondations de mon époque et je sus ce que nos manières avaient perdu à trop se lancer à la dérive, aveugles d’avenirs. La narration qu’il fit de la fin des combats me serra le cœur et les maux qu’il éprouvait depuis si longtemps pesaient chaque jour plus sur cet enchantement qui le condamnait à errer tant que personne ne rendrait grâce à son âme en lui creusant une tombe. Notre échange de cette nuit nous fit amis et la bénédiction de sa présence me réchauffa tant que je convins seul de lui offrir cette sépulture qu’il espérait depuis si longtemps. A chaque poignée de terre que j’arrachais du sol, il tentait de me dissuader, m’expliquant que cela n’était nullement mon devoir et qu’il saurait encore attendre, au moins l’aube de mes derniers jours s’il le fallait. Je ne retins aucun de ses arguments. Aussi, le moment vint qu’il s’allonge à son tour. C’est alors qu’il me demanda de lire la fin du récit qui devait selon lui le libérer du charme et lui offrir les portes de l’au-delà. Je lus longuement la vingtaine de feuillets qui se terminait ainsi : « … Et lorsque les seigneurs de la terre s’endormiront pour la dernière fois, le gardien pourra alors … » C’étaient là les derniers mots dont je disposais. Mais à peine les avais-je prononcés que je vis le corps de mon ami s’illuminer plus encore avant de disparaître en un tas de poussière. De cette poussière, une sphère de lumière se détacha. Ce minuscule écrin était-il son âme ? Il disparut en tout cas au delà des murs et c’est là que je me dis qu’il était dommage de ne point connaître la fin de la phrase. « Mais si, tu connais la fin », fit alors lointaine la voix du fantôme dont il ne restait maintenant qu’une pincée de cendres. Cette voix était d’ores et déjà en route, mais je perçus nettement ce qu’elle me dit « … Et lorsque les seigneurs de la terre s’endormiront pour la dernière fois, le gardien pourra alors céder sa place ». Et c’est là que tout mon corps se mit à luire à son tour et depuis je hante ce bastion qui n’est plus, sur ce mont oublié. Les siècles se sont déroulés, tant et tant que la terre n’est même plus habitée. Loin de son système solaire d’antan, elle vogue, solitaire, au gré des vents interstellaires. Et moi, comme je l’avais si souvent souhaité, je puis autant de fois que cela me chante m’y prélasser ou m’envoler, dans l’attente d’un successeur. FIN
5 novembre 2008

Le Successeur - part 1

... promeneur, à l’heure des crépuscules, si des armes le fracas oyez, réfugiez au bastion. Revêtez ce manteau où se tordent les os froids de sueur. Laissez votre regard succomber aux tréfonds. Fermez les portes surtout, surtout fermez les toutes. Trouvez un recoin sombre, taisez torches et mots et priez qu’au dehors ne se trouve point âme hardie au souvenir de ce repère que foule votre ultime fortune. Et s’il passait un mort, puisse-t-il vous garder plus que vous dénoncer. Alors, si jamais du temps possédez encor’, pour son salut plus que le vôtre creusez ! Les lettres obscures d’un ménestrel avaient guidées mes pas de voyageur au travers de sentiers encombrés de ronces et de rivières asséchées. Au sommet d’un mont, je trouvais, emmitouflé sous les brumes et les fougères, les tours d’un fort en ruine que bordaient les rives d’un étang. Malgré les siècles, la construction offrait une impression de majesté. Au delà du roc, l’architecture s’élançait vers l’infini tandis que les profondes douves qui la contouraient, à l’image de douloureuses blessures endormies, s’étaient taries au gré des saisons. Contraint de se retirer, l’eau ne défendait plus dorénavant qu’une forêt de joncs abritant quelques batraciens, tandis que les murailles écroulées de l’entrée se renvoyaient un écho succinct de pépiements d’oiseaux qui se les disputaient. Il me sembla que je me trouvais seul en ce lieu. D’un geste amusé je brandis mes notes et relu à haute voix ces Confessions d’une dernière bataille qui y faisait encore rage. Et c’est alors que Sir le Duc de Jalles d’un bouclier téméraire désarçonnait tour à tour la vaillance de ses adversaires, leur assenant le coup de grâce d’une rage chaque fois nouvelle. Mais l’ennemi progressait trop rapidement depuis que les garnisons de la chevalerie s’étaient heurtées aux hordes d’arbalétriers du seigneur en conquête. Le premier front de défense n’était plus. L’assaut conclu des tourelles plaçait Sir Daramon en position de force. Sir Jalles n’avait plus le choix. A cet instant de la bataille, le fort était aux mains de l’adversaire, mais pas encore tout à fait perdu. Même si tout espoir de trêve lui serait refusé, se rendre coûterait la vie à tous, l’honneur d’ores et déjà souillé, il poussa d’un ultime recours à sa corne son arrière garde au repli au sein de la tour du Nord. Un passage dissimulé dans les profondeurs du roc saurait les conduire au pied du mont. Une journée lui suffirait alors pour rassembler ses vassaux et reprendre d’une main forte son bien. Au signal, les âmes débordées se ruèrent à l’agonie vers ce dernier espoir de fuite. Mais à peine les portes de la tour furent elles condamnées que les lances et les épées se retirèrent à l’extérieur. Bientôt, plus un bruit ne perça. L’ennemi semblait s’en être soudain retourné. « Qu’est ce stratagème ? » dut s’interroger Sir Jalles d’une hésitation qui lui fut fatale. Un dernier instant, il se tint contre les portes et retint sa garde, prêt à ressortir livrer le combat. C’est alors qu’il comprit son erreur. Un sifflement brutal suivi d’un craquement lourd retentirent et la tour encore fière s’effondra sur eux comme un château de sable surprit par une déferlante. Tandis que les armures prenaient possession de leur dernier tombeau, l’ennemi célébra la victoire. Tout autour du mont, apparurent alors par dizaines les pierrières et les trébuchets que l’on avait hissés, remontés, chargés et appointés vers la tour en prévision de ce seul éclat. Ceux qui parvinrent au pied du mont étaient attendus. La langue d’un traître, tout autant que le hurlement des balistes aurait scellé leur sort de vaincus … Le flot du récit plus que les heures de marche me précipitèrent au contact de l’édifice. S’il s’en faut parfois de peu de choses pour ôter la raison, me jeter au beau milieu des ruines flamboyantes déroba les dernières onces de ma réalité ; le spectacle de la dernière bataille du fort s’élevait en moi et, sans m’en rendre compte, je parcourais de long en large les parcelles de pierraille rougeâtres du soir qui séparaient les étages, m’élançais en chaque recoin, entonnais une strophe, gravissais chaque escalier, plaquais mes paumes sur chaque armoirie et considérais l’ensemble d’un œil fier comme l’on reconnaît sa chair et son sang. C’est alors que la lumière termina de décliner et l’obscurité du monde remonta la plaine pour subjuguer le mont. C’est à ce moment que je réalisais mon errance. Un regain de froidure me mordit aux épaules. Combien de temps s’était-il écoulé depuis mon ascension pour que le soir me surprenne de la sorte ? Quoi qu’il en fût, il me fallait redescendre et sans tarder je m’engageais sur les sentiers du retour. Mais au bout d’un court moment, je fis halte. Un bref calcul mit en garde mon emportement ; la route serait bien trop longue et périlleuse jusqu’au village en contrebas. Ce que je redoutais se réalisa : il me faudrait passer ici la nuit. Je trouvais un vieux banc aménagé à bonne distance des ruines, de l’autre côté de l’étang, accoudé entre deux pins sylvestres. Depuis cet observatoire, le fort prenait les allures d’un monstre qu’un sorcier aurait pétrifié. Qui n’a jamais été contraint au somme en tel endroit ne peut juger de l’effet que produisent mille ans d’histoire à l’heure des lunes et des ciels de marbre. Un sentiment dévorant me prit tout à coup. La seule présence de ces murs épais, de cette végétation débordante, de ces portes autrefois dérobées, de ces salles utilisées pour la torture suffit à transformer le songe de la bête en un repère hanté où chaque élément m’inspectait, se révélait à moi sans jamais véritablement se montrer et se jouait de mon courage qui n’était alors plus que sac crevé de folies latentes. Parce que la nuit reste le domaine des morts, l’heure était venue pour ces ruines de s’agiter un peu, pour ces branches de me faire frémir, pour ce vent de me murmurer les pires histoires à seule fin de réveiller ces peurs enfouies et de les faire danser comme de flammes d’un bûcher autour de mon être. Sous les étoiles, le vent gagna en vigueur. Il chassa les épaisses brumes et dévoila une forêt d’éclats de diamants ; des toiles d’araignées formaient d’immenses bulles au dessus de chaque buisson. Recroquevillé, les membres serrés contre le corps, je gisais frileux, les yeux exorbités aux aguets de tout ce qui n’écoutait plus mon unique raison. A quoi ma panique grandissante pouvait-elle se raccrocher ? C’est alors que j’entendis des coassements et l’étang impassible me fut un refuge de fascinations momentanées. Contrairement au reste de la nature, rien ne semblait pouvoir l’atteindre. L’on eût même dit que la montagne refusait s’en désaltérer. J’aurais alors aimé être l’un de ces oiseaux de tout à l’heure qui tournoyaient à l’horizon. J’aurais gardé ces dernières images et me serais envolé, sans doute ne serais-je plus jamais revenu. Je me rendis compte que mes pensées combattaient soudain l’idée d’une condition humaine enchaînée à la terre. J’aurais souhaité pouvoir dépasser les limites de l’univers et du seul désir faire de ce fort un endroit secret à tout jamais. Le moment me suggéra des idées saugrenues. Je me doutais que les grenouilles ne m’offriraient aucune réponse ; faute de sommeil et de compagnie, elles constituaient encore un interlocuteur. C’est ainsi que j’entamais un long monologue. Je leur racontais ma vie depuis mon enfance sur les côtes d’Armorique jusqu’à ma passion pour les récits de siège et les cohortes fantastiques. J’offrais sur le coup ma préférence aux récits qui imposaient le moins d’ennui au héros qui se devait d’affronter ses peurs. Les gros yeux nébuleux des batraciens me contemplaient sans tressaillir, ou alors était-ce moi qui n’osait plus détacher mon regard de leur petit corps visqueux ? Toujours est-il que la nuit nous frigorifia avant finalement de nous présenter ces nuages déverseurs de pichets avec lesquels il était inutile d’entamer toute conversation. Je pris le bain comme se seraient exclamés les gens de ce pays. En quelques secondes je ne ressemblai déjà plus qu’à des bourrelets de vêtements aux allures humaines, sautillant gauchement au dessus des flaques de boue affolées et dans tous les sens pour se dénicher un abri. Mes illusions passées de tout à l’heure, le fort se révélait enfin sous son plus mauvais aspect. Un amas calamiteux de bris de verre, de pierres saillantes au désordre malheureux, à la végétation anarchique qui prenait des airs d’armée en campagne sous les éclairs. Les entrées de l’ancien bastion qui m’aurait abrité étaient toutes condamnées d’une grille sévère aux barreaux plus épais qu’une porte de prison. La tour Nord qui devait contenir le fameux passage ne proposait rien qu’un éboulis surplombé d’un colimaçon défoncé sous lequel l’eau se déversait en cascade. Soudain, je me rappelai avoir aperçu lors de mon ascension un nombre imposant de feuillus qui formaient un toit, lequel jouxtait la construction sur le flan ouest de la butte. Je résolus de m’y rendre. L’entreprise se révéla difficile. Les trombes d’eau rendaient le sentier escarpé quasiment impraticable, et je perdis souvent l’équilibre. Fort heureusement, les nombreuses racines auxquelles je me rattrapais me préservèrent de la chute brutale qui guettait mes intentions. Après un temps qui me parut extrêmement long du fait de l’effort, j’atteignis mon but, à bout de souffle. Je m’étonnais n’y trouver aucun tesson ni rebut de toutes sortes. Les jeunes gens qui gravissaient d’aventure le mont ne s’étaient probablement jamais rendus en ce point. Le sol était celui d’une poignée d’automnes et le tapis sec sur lequel reposaient mes membres me réconforta. « Quelle aventure ! » fis-je à mi-voix, grelottant mais imprégné d’enthousiasme. Lorsque je raconterai cela on me demandera certainement d’y revenir. Le vent qui faisait rage dégageait par intermittences les hautes cimes qui me faisaient face et le val s’offrait à demi-ton à ma contemplation. Le précipice qui s’étendait béant sous mes paupières me parut tout à coup plus mortel. Je n’arrivai plus à m’expliquer comment j’avais pu gravir ce véritable dévers au dessus duquel je m’extasiai perché. Le sommeil me gagna. J’aménageai sommairement une cuvette de feuilles dans laquelle je blottis mes dernières pensées. J’aurais pu m’allonger contre la paroi, mais la crainte qu’une rafale décrochât une pierre de la construction et m’en fit profiter réduit cette idée à néant. Au beau milieu de la nuit, le vent s’était tu et plus aucun tressaillement sinon celui de ma propre respiration éraillée ne perçait alentour. La voûte qui me protégeait était si épaisse qu'elle aurait empêché les rayons de la lune de percer, comme si les arbres se faisaient ici les gardiens d’une obscurité particulière. C’est alors que j’entendis des chants, des cris, du métal que l’on traînait sur le sol, des roulements de pierre. Je crus tout d’abord que je rêvais. Lorsque j’ouvris les yeux, mon rêve me poursuivait encore. Devant moi, le vide opaque de la nuit ne m’offrait aucune clarté. Les bribes de mon songe éveillé provenaient de derrière. Je roulai pour changer d’épaule d’appui et restai un long moment, le souffle court, aux aguets, tentant de déterminer d’où pouvaient provenir ce qui m’apparaissait maintenant comme de jérémiades entrecoupées de hoquets. Soudain, un filament de lumière s’échappa de la paroi. La lune s’était pourtant réfugiée de l’autre côté du mont ; la curiosité l’emporta. Je me relevai, tentant de faire le moins de bruit possible et m’approchai de la paroi mélancolique. Les sons s'y firent plus nets, mais encore indistincts. Je réalisai l'impossible. A cet endroit, dans cette montagne, sous le château, quelqu’un ou quelque chose produisait ces clartés et ce tintamarre. Les rayons continuèrent de transpercer de temps à autre la pierre. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire. A force de tâtonnements excités, je réussis à desceller un premier bloc de terre et de roc qui me faisait obstacle. Cette partie du mont devait en fait constituer un ancien passage, car constituée de pavés disposés simplement les uns sur les autres, à peine soudés par des couches de mousses et de gravillons. A la force des mains, je réussis à dégager un passage et plongeai enfin mon regard dans les profondeurs inattendues de la montagne. Je me rendis compte trop tard que mes illusions s'étaient alors envolées.
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